Après une nuit sans encombre à la lueur de la lune, on ne tarde pas à se lever à l’aube. La falaise est orientée Sud-Est et c’est un plaisir de petit déjeuner au soleil. On en rigole depuis deux jours, mais désormais le moment fatidique se rapproche. Ce moment fatidique c’est une longueur dans la partie haute de la voie, qui se nomme « Jésus »! Ce qui fait un peu peur, c’est la cotation et surtout le style « OFFWIDTH » (fissure très large): on espère ne pas manquer de respect à Jésus pour qu’il soit gentil avec nous 😉 Pour les mémoires défaillantes, voilà un petit extrait du film qui vous rafraîchira la mémoire…
Après avoir remonté les cordes fixées la veille, on galère dans les deux longueurs qui nous mène a la 11ème longueur. L’itinéraire n’est pas évident, quant au père Sylvain, il faut se méfier, il est capable de sortir de la voie et de faire une longueur extrême sans s’en rendre compte… Toi, tu t’attends à un petit 6a et tu te retrouves dans une dalle sableuse abominable 😦
Bref, après ces petites galères d’itinéraire on commence à enchaîner les longueurs plus rapidement, et Nath, elle a bien compris qu’il ne faut pas chômer si on ne veux pas faire tous les rappels de nuit. Je ne l’ai jamais vu grimper aussi vite !! Faut dire qu’on a frôlé la méthode russe (remontée sur corde avec la poignée Jumard), et même si on a grimpé tout du long, la poulie n’a pas servi qu’à hisser le sac 😉 Les longueurs ne sont pas extrêmes mais il n’y a strictement rien en place et l’enchaînement commence à se faire sentir.
On débarque sur une petit vire au pied de la 16ème longueur, on lève la tête, et doux Jésus nous sommes au pied de LA longueur qui fait peur !! On profite de la vire pour manger un morceau et la décision est prise de laisser le sac là, on fera un run jusqu’au sommet en mode light !! Avant Jésus, il y a une petite longueur pas évidente mais super classe, c’est un mur compact composé de fissures parallèles discontinues. J’arrive au relais où Yannick est en train d’assurer Sylvain qui met strike sur strike au redoutable Jésus: il ne randonne pas la longueur mais presque. Comme qui dirait: « Méfiate, nous on risque d’avoir des surprises!… » Au milieu de la longueur il nous lance: « Il y a un camalot numéro 5 en place, je te le laisse ». Nath parvient au relais, elle commence à être bien fatiguée mais elle assure grave !
———–« On ne manque pas de respect à Jésus »————-
Je pars dans la longueur, et avant d’atteindre le offwidth il y a un petit toit à passer en fissure à main, c’est physique mais ça le fait bien. Je lève la tête: Jésus fait une quinzaine de mètres et sa taille varie entre le camalot 5 et 6. Je commence à grimper, Sylvain me dit « faut mettre le genoux droit dedans !! » Merde j’ai mis le gauche ! Bon j’arrive tant bien que mal à changer de genoux puis c’est parti, je monte d’un mètre mon genoux droit puis je le recoince dans la fissure, et bis repetita… J’arrive au camalot 5 que je clipe, et aaaahhhhhh!!! Je commence à en chier et j’ai mal au genoux ! En levant le tête je me dit: « salopard de Sylvain, il a mis 3m entre ce friend et le fameux numéro 5 qui était en place, ça sent le roussi pour bibi !! » Au prix d’un énorme combat et de quelques noms d’oiseaux, je parviens au fameux camalot, je vais pour le replacer et là c’est le drame il ne veux plus se refermer… Il doit être là depuis pas mal de temps et il a dû rouiller, il se coince juste pour moi! Bon, j’arrive au relais tant bien que mal: on ne manque pas de respect à Jésus !!
Il reste trois longueurs, 10 min de marche puis une dernière longueur facile pour arriver au sommet. On y est vers 18h, de la balle !!!!! On ne traîne pas trop pour pouvoir faire un bout des rappels de jour. Et grâce au ciel (c’est pour faire ricain), la descente se passe sans encombre. À une longueur de la vire de bivouac on entend Sylvain au milieu de son rappel: « la corde a un gros pète !! ». On lui installe donc la deuxième corde pour qu’il se mette dessus. Je descends à mon tour et constate l’ampleur des dégâts, la gaine est toute déchirée, glurpss !! Il a du se sentir un peu seul. On récupère le bordel laissé au bivouac, on mange un bout et zou !! Plus que quatre rappels pour toucher terre. Une heure et demi de bartasse dans les cactus plus tard et nous voilà à la voiture à 2h du mat’. Dodo!!
Ce qu’il faut en retenir:
– une voie d’ampleur vraiment sauvage !
– parfois un peut trop sableux mais c’est le jeux !
– pas besoin de PQ, c’est pour les faibles !
– Nath est une machine, mais ça on le savait !
– le matos n’a pas rajeuni
– il est vraiment trop con ce Walter ! (cf le film)
PS: on n’a pas de photo sur la deuxième journée. Dans notre mode light, seul les Gapençais avaient l’appareil, ils nous les enverront plus tard.