Nous remontons toujours vers le nord et décidons de nous arrêter quelques jours à Christchurch. C’est la deuxième plus grande ville de NZ, comparable à Grenoble en nombre d’habitant.
Nous voulions d’abord grimper à Castle Hill mais il annonce de la pluie les trois prochains jours 😦 Par contre c’est grand beau à Christchurch, ce sera l’occaz d’une petite visite urbaine. Guillaume nous avait donné la liste des sites d’escalade qui valent le coup et, dixit, « qui n’ont pas été détruits par le tremblement de terre de février 2011″… glurps!
Le premier jours nous traversons les quartiers Sud de la ville pour grimper à Port Hills, sur une falaise du Mt Pleasant (Britten crag). Après quelques galères dues au topo bien merdique, nous découvrons cette charmante petite falaise à l’intérêt… disons local 😉 15m de haut et rocher très abrasif, mais la vue est superbe.
Nous commençons à voir quelques dégâts du tremblement de terre mais je prend réellement conscience du truc dans ma troisième voie (un petit bijoux de 9m dans un toit où la moitié des prises sont sikatées). Après avoir clippé non sans mal le dernier goujon, je rétablis sur une terrasse aux allures de carrière, poussiéreuse et jonchée de blocs branlant, je scrute les alentours à la recherche d’un relais normalement situé ici même ! Mon regard se pose sur un amas de blocs situés 20m en contrebas… j’ai compris: « Nath, gaffe, je vais essayer de désescalader jusqu’au dernier point, le relais doit être dans le tas de gravas en-dessous de toi ».
Le soir même, on prévoit d’aller boire un coup avec Jérémie, un élagueur et BE escalade de Digne qui bosse à Christchurch depuis 4 mois. Sur la route de Sumner pour aller à Lyttelton, on en croit pas nos yeux, un paysage cataclysmique ! Des pans entiers de falaise effondrés avec au sommet, des maisons coupées en deux. Mieux valait être du bon côté de la maison. Ici et là, des murs provisoires de conteneur servent de murs de protection pour que les routes soient de nouveau accessible. On ne s’attendait pas à une telle destruction. Dans un bar bien sympa de Littelton, face au port, on passe une super soirée au Wunder Bar. Quand Jérémie nous dit que le centre ville historique de Christchurch est complètement détruis, je crois que c’est la première fois que je le crois réellement. Après ce que l’on a vu aujourd’hui, c’est pas étonnant!
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Le lendemain, pas de miracle, le centre ville de Christchurch et ses bâtiments n’ont pas repoussés dans la nuit. C’est hallucinant, la quasi totalité des bâtiments ont été détruits, on comprends pourquoi il parle de « city-within-a-city » (une ville sans la ville). Le centre ressemble à une ville en état de siège, des trous béants et des ruines, voilà le Christchurch de 2013. J’exagère un peu, les grues sont bien présentes et quelques bâtiments sont déjà sortie de terre. Un quartier « de transition » a été aménagé au centre, le quartier Re:Start, surnommé aussi « Container street » car constitué de containers réhabilités en magasin,bar, restau. C’est sympa, coloré, mais on est loin du style British historique. C’est tout de même globalement assez triste de voir les vestiges de ce que devait être la ville avant: un joli tramway, une magnifique cathédrale, des bâtiments de styles victoriens, etc…
Par contre, cette situation exceptionnelle est ultra stimulante d’un point de vue urbanistique et artistique. C’est un renouvellement urbain à grande échelle qui se construit tout doucement, à travers des projets collaboratifs et participatifs. Les projets de réappropriation de l’espace par les habitants, les artistes, les enfants foisonnent aussi : des nouveaux espaces se créent dans les interstices, des jardins, des œuvres d’art, un festival sur l’architecture en transition… Ça ne refait pas la ville dans l’immédiat mais ça inscrit ce renouveau dans un temps bien plus long, celui de la participation, de la réflexion et de la mémoire. L’un des symboles de cette transitionnal architecture c’est la cathédrale anglicane réalisée par l’architecte japonais Shigeru Ban : comme son nom l’indique, la Cardboard Cathedral est en carton!! Bref, bien riches d’enseignements pour moi (Nath)!